Une armoire
septembre 2020
Val-de-Reuil (76) / Résidence à la Factorie, Maison de poésie de Normandie
Devant l’ancienne fabrique de pâte à papier, puis de pierres à briquet, puis entrepôt de céramique et fabrique d’électricité pour enfin devenir aujourd’hui fabrique d’arts scéniques et maison de poésie, se tient une armoire, dehors, attendant d’être un jour acheminée vers les locaux d’une association. C’est une armoire en bois, simple, avec ses deux portes et un étage à l’intérieur. Tu choisis d’y présenter ce que tu produis à quelques mètres de là, sous le tulipier de Virginie qu’habite un écureuil. Des livres uniques, des carrés de quelques lignes, un ruban le long d’une planche trouvée aux alentours, trois balançoires parlant de faînes, une petite pousse d’ici dans un bol blanc qu’ont soigné les mains de ta mère et des galets rapportés de la rivière qui coule au pied de Pietrapaola, un village d’où tu reviens à peine et où tu as pu installer, aussi, des livres uniques et des carrés de verbe dans la pièce d’une maison abandonnée. Il est possible de penser que les poèmes sont les habits de l’esprit, que la garde-robe est piochée dans le fouillis brun, or et vert de tout ce qui bouge au vent et qu’une tour d’ivoire est bien trop grande pour ceux que l’ordinaire inspire.