Poèmes in situ

Performance d’écriture à l’invitation de la Factorie, dans le cadre d’un forum sur la poésie dans les espaces publics.

Table et tabouret en bois, machine portative et papier de temple japonais, 9 heures dans une rue presque piétonne à frapper du poème en-veux-tu-n’en-veux-tu-pas, à provoquer de l’insolite, à échanger soudain sans discrimination, donc entre ceux à qui ça cause et ceux qui n’aiment pas ça, le gamin qui demande comment ça marche et qui désire le sien avant de prendre son bus, le vieux qui préfère enquêter sur l’histoire des calvaires, la dame avec son chien qui de la dactylo à crampes journalières a fini assistante de direction et l’épouse d’un musicien, un musicien tout court qui tient pour essentiel le souffle poétique et que ne lâche pas celui de son père, revenu d’Auschwitz avec des sonnets dans ses poches, et tous ceux qui muets disent dans les yeux lancés. Entre-temps, tes quelques feuilles tu les accroches de menus bouts de scotch un peu cachées intégrées attirantes dans l’environnement proche, au cas où la poésie consisterait en une attention tendre et aiguë, joueuse, sensible et sans concession envers tout ce qui est.