La base de ruines et le champ vie

Une semaine de résidence à la Cité Auriol, l’aventure continue, ou plutôt reprend après plusieurs mois d’absence, un long hiver au cours duquel s’est achevée la démolition totale d’un premier bâtiment, le C comme culture. On est nombreux : Vincent Vanoli, Laurent Lolmède, Guillaume Guerse et Placid pour les dessins, Isabelle Duthoit à la clarinette et voix. On s’installe toutes les deux dans le chalet au cœur du quartier pour de la poésie sonore instantanée, on joue au hasard pour ceux qui sortent de chez eux alors qu’il fait encore froid. Parallèlement, Placid me propose de faire deux pages pour le prochain numéro du journal de quartier, Le Voltigeur #5 : deux de ses gouaches du chantier de démolition avec deux pavés de textes frappés à la machine, dans lesquels des trous laissés vierges accueilleront des peintures miniatures de petites choses de là. Les deux poèmes deviennent un livret « ça démolit », qui contient quelques pages blanches pour le vendredi soir, se retrouver à la Halte Gourmande, le nouvel espace (vraiment culturel) de Périgueux tenu par Saïd et Hanane entre kebab et cuisine marocaine raffinée : alors, lecture musicale des poèmes de la semaine avec Isabelle et Marc Pichelin, dessins en direct par les quatre artistes présents dans les pages des livrets, lesquels sont offerts à la vingtaine d’écoutants. Une approche sensible, plurielle et incantatoire d’un champ de ruines, d’une base-vie ouvrière et de ce qu’on peut encore espérer quand tout n’est pas détruit.

[dans les photographies, les dessins encadrés en rouge et bleu sont de Lolmède, les deux derniers sont de Troub’s]