Être sur (et avoir) la dalle
septembre 2020
Val-de-Reuil (76) / Résidence à la Factorie, Maison de poésie de Normandie
Chaque matin de ta résidence d’écriture qui se situe littéralement dans un écrin de verdure bordé par une rivière, tu fais le chemin pour rejoindre la place des quatre-saisons, l’espèce de centre de Val-de-Reuil qui est dalle de béton assez morose au coin de laquelle se dresse l’énorme façade d’un Auchan avec son gros oiseau rouge. Tu choisis une terrasse de café, le bar Le Centre, le Sélect, le Quick Délices et tu frappes des poèmes à la machine à écrire. Progressivement, interactions intempestives, plaisirs des rencontres qu’on pourrait croire inimaginables à cause de frontières culculturelles entre des mondes pourtant voisins, blagues et menues complicités qui demandent du temps pour se tisser encore. Il y a le fou de la dalle qui dit vrai, l’ancien maire avec son ventre de bourgeois à la Daumier, tellement d’hommes de toutes les couleurs et parlant des langues inconnues, des jeunes avec des styles sportifs qui restent là à converser tranquille, des vieux qui regardent, des vieux qui refont la vie. Tu tapes et puis tu donnes toi-même les poèmes pour s’apprivoiser délicatement. Un jour, on te salue en citant une de tes lignes, et tu pars le lendemain.